À propos

Eos est née de différents constats sur le bilinguisme, qu'il soit issu d'une situation familiale (mariage mixte, langue maternelle ou "partenelle") ou d'un contexte géographique (enfants ayant vécus et fréquentés un établissement scolaire dans le monde francophone mais de parents originaires d'un pays non francophone).
Au cours de mes études et de mon parcours professionnel, hors de France, j'ai été amené à rencontrer des enfants bilingues qui se sentaient très bien dans leurs deux langues respectives, mais les connaissances n'étaient pas équilibrées (la langue du pays de résidence et donc de l'école fréquentée, dominait largement). Ce "très bien" était donc relatif. Il convenait parfaitement pour les échanges nécessaires avec le parent de la langue "mineure". Si bien que le vocabulaire, les structures et la richesse de la langue était limités. Enfin, pour faire court, l'écrit et la lecture étaient surtout de grands absents. Pour un enfant de 12 ans par exemple, ce n'était certes pas un problème. Mais lorsque cet enfant décide de partir étudier dans un pays francophone à 20 ans, ce déficit devient un véritable obstacle car les portes peuvent se fermer. Ceci n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.
Les enfants ayant suivi un apprentissage dans un établissement scolaire francophone ont un capital qu'il serait dommage de perdre. Un déménagement dans un pays francophone conduira l'enfant à retrouver les bancs d'une école dans laquelle il saura parler, mais ni lire ni écrire... Et surtout, combien d'enfants ai-je croisés dont un des parents francophone n'avait pas, pour diverses raisons, transmis le français à son enfant. Que de regrets sont alors exprimés.

Enfin, avec deux enfants bilingues en très bas âge, je savais que j'allais être confronté rapidement à cette réalité. Je m'apprêtais donc à relever ce défi seul puisqu'aucune structure n'existait alors sur Cracovie.

Mais pourquoi ne le faire que pour mes enfants et ne pas en faire profiter d'autres ?


C'est ainsi qu'en 2010 je lançais une association de français langue maternelle qui a pu durer quelques années. Mais je devais constater que le volume horaire (une heure par semaine) ne suffisait pas, et de plus, pour pouvoir bénéficier d'une aide financière, il fallait respecter des critères assez contraignants, qui finalement nous éloignaient de nos objectifs de lecture et d'écriture.

C'est pourquoi, en octobre 2017, je créais cette école, EOS, sur le modèle de ce qui existe dans d'autres pays, dans d'autres langues, pour des conditions similaires. Une "petite école" de français qui reprend la base de l'enseignement scolaire en France avec trois disciplines ; français, histoire-géographie et mathématiques. Ces trois matières apportent un complément de savoir sur la France, mais aussi et surtout, un enrichissement dû à la réflexion et à la pratique dans l'usage de la langue française, si bien que ces cours sont adaptés à tous les enfants qui regardent n'importe quel pays francophone, et non seulement la France.
Notre première année d'existence nous a déjà montré de beaux succès en ce sens : de jeunes adolescents, et plus jeunes encore, qui ne savaient pas écrire "il est..." par exemple, ont appris cette orthographe "étrange" et savent maintenant s'exprimer sans aucune gêne au but de quelques semaines avec leurs stylos. Les tout petits enfants qui "bloquaient" par manque de vocabulaire ont su se libérer et ont fait de cette langue un outil d'expression au même niveau que l'autre. Il nous appartient dorénavant de continuer et nous améliorer aussi, mais ces résultats sont plus qu'encourageants.

Enfin, pour conclure que le choix du nom d'Eos, déesse de l'Aurore, n'est pas anodin, bien entendu. Tous les samedis matins, Eos vient chercher ces jeunes pour qu'ils participent à cet aurore linguistique, dans lequel la lumière de leur connaissance, ne fait que croître... Bien sûr, Eos choisissait plutôt de jeunes adultes, mais, j'en ai gardé un certain esprit... pour l'amour de la langue et de la culture.